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Vins, sources d'Emotions

Château La Tour de Mons

7 Novembre 2017, 14:35pm

Publié par Vins, sources d'Emotions

 

Un repas de famille, un dimanche où les poulets rôtis sont sagement alignés dans le plat du four. Leurs peaux croustillent déjà, les petites pommes de terre sont dans le jus de cuisson, avec du romarin. Les sucs de la volaille embaument la cuisine avec la complicité des petits oignons, avec mon père nous discutons du vin. Une visite dans la cave, ce lieu trop petit. 

 

Oui, la pièce est minuscule, les murs sont couverts de porte-bouteilles à l'ancienne en métal, avec deux profondeurs. La seconde série près du mur, celle des bouteilles oubliées, des millésimes qui voient le temps passé. Sans bouger depuis dix ou vingt ans, parfois même plus.

 

Nous évoquons les flacons aux bouchons cirés, quand nous transvasions le vin dans la cuisine, que nous faisions chauffer le liège doucement, que nous tenions la bouchonneuse bien droite pour une fermeture impeccable. Les niveaux vérifiés, mais aussi les rajouts, les verres pour goûter ce Bourgogne, ce pommard déclassé, nous étions proches. Quelques bouteilles sont encore là, mais les derniers essais nous forcent à les laisser mourir en paix, le goût n'a pas résisté au temps.

 

 

Château La Tour de Mons 1983

Château La Tour de Mons 1983

 

Alors dans ce lieu petit où de plus le plafond n'excède pas un mètre soixante dix, où nous sommes pliés toujours en deux, nous allons vers les Bordeaux, tout en prenant un Jurançon moelleux pour le dessert au passage. Un millésime des années quatre-vingt, un Pauillac, non un Haut-Médoc, non un Margaux au final, le choix s'offre sous la poussière. Toujours avec des critères d'hésitation, en attendant l'envie ou le coup de foudre. Le château La Tour de Mons est là, debout dans sa main. Nos dos nous rappellent de sortir pour ne pas rester bloquer en oblique. Cette petite pièce, toujours plus exigûe, s'auto-protège de ses visiteurs en les empêchant d'être droit debout.

 

Millésime mille neuf cent quatre-vingt trois, une odeur favorable à l'ouverture avec mon bi-lame, un peu dans un verre, quelques tours pour l'aérer, pour le forcer un peu à s'ouvrir à nous. Il sera au final bien pour accompagner le plat, deux heures après environ, après un saumon fumé bio succulent, le vin sera pleinement dans son époque. trente quatre ans de voyage allongé, endormi, et soudain dans nos verres. Une acidité légère, une belle pâmoison en bouche, des fruits rouges légers et quelques épices avec cette pointe de cannelle évaporée, une force endolorie par le temps, des tanins anéantis, donc un vin en descente d'apogée mais donnant une réelle expressivité de son appellation Margaux, avec finesse. Avec le jus de cuisson, avec l'aile de poulet grillé, j'aime son approche légère de sous-bois, un parfum de champignons dans l'humidité de l'automne. Mais par contre avec un fromage comme le Valencay, il ne résiste pas à la force de l'affinage. Dommage mais sur un simple morceau de pain et une touche de comté jeune, il revient nous dire adieu.

 

Le repas sera toujours aussi savoureux avec le plaisir d'être en famille.

 

 

Vins,  émotions d'automne 

 

 

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